Plantations : une approche écologique par habitat
Ce second volet faisant écho aux deuxièmes universités du CCVS (voir Le Lien horticole n° 1110, p.42-43) s’intéresse à l’approche écologique et esthétique du paysagiste Cassian Schmidt pour associer les plantes dans ses massifs.
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Cassian Schmidt dirige depuis 1998 le jardin d’Hermannshof, à Weinheim, au sud de Francfort, en Allemagne, qui fait référence depuis les années 1970 dans le domaine des vivaces et des prairies. Il a su renouveler l’approche en ajoutant une dimension esthétique à la vision scientifique basée sur la compréhension des milieux.
Dans cette région au climat relativement doux (zone de rusticité 8a) et sec pour le pays, le jardin d’essais présente différents aménagements à base de vivaces et de graminées, ainsi que de très beaux arbres. La composition des massifs s’appuie sur le concept écologique de « Lebensbereiche » (habitats) développée par le professeur Richard Hansen. Le principe repose sur l’observation des associations végétales dans la nature pour non pas les copier, mais s’en inspirer et créer des aménagements tout autant fonctionnels qu’esthétiques. Ainsi, différents milieux y ont été reconstitués : steppe, steppe rocheuse, prairies sèches et humides… Ils peuvent être transposés dans les aménagements plus citadins, comme, par exemple, la zone de steppe, avec un sol drainé que l’on trouve en Europe de l’Est et qui s’avère un bon modèle pour les environnements urbains secs.
Chaque zone contient à la fois des espèces sauvages dont certaines ont été récoltées durant les nombreux voyages du paysagiste, mais aussi des cultivars horticoles. Ces derniers ne sont utilisés que « s’ils conservent la proportion et l’élégance de leurs ancêtres sauvages », précise Cassian Schmidt. Les plantes sont associées telles qu’elles poussent dans la nature, ce qui rend les compositions quelque peu différentes du style anglais des mixed borders.
Depuis 2001, de nouvelles zones ont été créées, dont certaines qui s’inspirent des prairies nord-américaines aux qualités reconnues intéressantes pour aménager des zones comme les parkings, les ronds-points et les abords de bâtiments commerciaux, mais aussi les jardins privés. Bien adaptées à des sols relativement secs, elles offrent un attrait esthétique indéniable avec une floraison diversifiée tout au long de l’été, mais nécessitant peu d’entretien. À la différence des vivaces européennes, qui fleurissent principalement à la fin du printemps et au début de l’été, l’apogée de leur floraison est plutôt le milieu, voire la fin de l’été.
Adapter la palette à l’entretien
Les expérimentations que mène Cassian Schmidt portent également sur la gestion des massifs, avec l’objectif d’optimiser les temps de travaux tout en conservant la vocation ornementale de ces aménagements. Elles montrent que la démarche d’entretien peut être réfléchie en s’appuyant sur la théorie des stratégies de survie des plantes développées par l’écologue britannique John Philip Grime (compétitives, tolérantes au stress, pionnières ou rudérales) ainsi que sur la connaissance de leurs types de croissance.
En utilisant celles appartenant à la catégorie des « compétitives », des espèces pérennes, robustes et vigoureuses, l’entretien est faible à modéré (sept à douze minutes par an et par mètre carré). Les restes des plantes de la saison précédente coupés à la fin de l’hiver servent de paillis qui se composte pour nourrir le sol.
La catégorie « tolérantes au stress » est intéressante pour les milieux secs, jardins de graviers, plantation de toiture ou encore sols acides. Les plantes retenues ont une longue durée de vie et le plus souvent une croissance lente. Le paillage minéral est souvent bénéfique tant sur le plan esthétique que pour permettre une rétention d’humidité. Les contraintes environnementales limitent le développement des indésirables. L’entretien est faible à très faible (5 à 7 min/an/m2). Parmi les espèces intéressantes, on peut citer les cultivars ou les hybrides d’Achillea filipendulina, de Salvia nemorosa, de Knautia macedonica, de Sedum telephium ‘Herbstfreude’, de Phlomis russeliana et des graminées telles que Festuca mairei, Achnatherum splendens et Chrysopogon gryllus. Des plantes à courte durée de vie comme Lychnis coronaria, Salvia sclarea var. turkestanica et Verbascum densiflorum peuvent se ressemer dans des interstices.
Les plantes rudérales, à croissance rapide et à courte durée de vie, sont utilisées pour un effet rapide et temporaire. L’entretien est généralement élevé à très élevé (15 à 25 min/an/m2) et nécessite une irrigation et un apport d’engrais afin d’obtenir un meilleur résultat.
Yaël HaddadPour accéder à l'ensembles nos offres :